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Interview de SUPERPROF

Parlez-vous couramment ces langues en raison de vos origines ou parce qu’un professeur vous a donné envie de les apprendre ?

Je suis bilingue (français – espagnol) et j’enseigne les deux langues indistinctement. En fait, je suis française d’origine mais avec les deux nationalités ; bretonne de naissance et parisienne au quotidien jusqu’au jour où, le bac en poche, j’ai décidé de m’expatrier pour commencer ma carrière universitaire en Espagne.

 

Je n’ai pas eu de professeur qui m’ait donné envie de pratiquer l’espagnol, mais un grand-père qui, à l’âge de 9 ans, m’a emmené à Laredo (Cantabrie – Espagne) pour y passer des vacances. Un sentiment personnel tout particulier est né le jour où, sur la plage, j’ai rencontré une petite fille de mon âge appelée Amaya, de Tolède, qui dégageait tellement d’intérêt pour moi au vu de nos différences, que j’en ai été éblouie. Quel malheur de ne pas pouvoir m’exprimer, on se parlait par geste avec de simples mots que l’on se répétait ; puis, elle m’a offert un poster de son chanteur préféré, Camilo Sesto, que j’ai affiché sur le mur de ma chambre dès mon retour. Bref, j’avais découvert un nouveau monde et une nouvelle langue que je trouvais fantastiques !

 

Alors, bien sûr, quand j’ai eu l’opportunité en 4e de prendre l’espagnol en LV2, je n’ai eu aucun doute. Mon objectif était très clair : devenir professeur d’espagnol dans le but de motiver mes futurs élèves à hauteur de mes émotions.

 

C’est également grâce à mon grand-père que j’ai toujours eu l’amour de la langue française. Pendant les vacances d’été, dans ma Bretagne natale, face à la bibliothèque du salon, j’étais fascinée par tous ces livres aux reliures dorées, qui sentaient bon le cuir et le vieux papier. J’ai passé des heures interminables à lire de la poésie émerveillée par la beauté, la justesse et la richesse de la langue française, notamment celle de Victor Hugo, puis à en recopier sur un cahier celles qui me paraissaient les plus belles. Cela m’a donné le goût d’écrire mes propres poésies ainsi que des contes et des histoires imaginaires.

 

J’AI DEUX AMOURS, LE FRANÇAIS ET L’ESPAGNOL …

 

Pour moi, il était évident de vivre en immersion dans un pays dont le patrimoine culturel et naturel est aussi riche ! J’y suis restée plus de trois décennies, où j’ai eu la chance de comprendre les similitudes et les différences des deux langues, d’enseigner le français et l’espagnol à de nombreux étudiants de tout âge et origine, quels que soient les intérêts et objectifs de chacun.

Citez le personnage vivant, historique ou fictif qui est, selon vous, le représentant emblématique de la culture en question !

Victor Hugo est le personnage le plus emblématique de la culture française. Écrivain de romans, théâtre et œuvres poétiques, il manie la prose et le vers avec une adresse et une connaissance de la misère humaine extraordinaires ; artiste dessinateur, plus de 2000 œuvres attestent la maîtrise de sa passion, à travers le lavis, l’aquarelle, le fusain ou la plume ; engagé politique, il plaide pour la justice sociale. Il devient académicien et pair de France : quel palmarès ! Nous pouvons être fiers d’un tel héritage.

 

Miguel Delibes est l’écrivain de l’Espagne profonde, celle de la terre qui souffre et des petites gens ; celle de l’inégalité entre les paysans et les propriétaires terriens ; celle de la moralité et de l’immoralité religieuse ; celle de la condamnation et de la liberté. Humaniste jusqu’au bout des doigts, ses œuvres portées à l’écran sont le fruit d’une accusation des tragédies humaines. Consacré par les plus grands prix, il ne lui manque plus que le Nobel de littérature dont il mériterait d’être honoré.

Y a-t-il dans celles-ci, un mot, une expression, une tradition ou un comportement typique qui vous amuse particulièrement ?

Ce qui me paraît extraordinaire et très amusant à enseigner, ce sont les homonymes français qui perturbent les apprenants car ils se demandent comment savoir écrire les mots selon leur signification. C’est un moment formidable pour raconter des histoires de l’histoire ou de l’étymologie. Cendrillon chaussait-elle une pantoufle de « verre » ou de « vair » ?

 

Les « faux-amis » sont assez casse-bonbons ; on a toujours entendu que l’espagnol est facile pour un Français, quelle erreur ! : « la mesa » n’est pas « la messe » sinon « la table » et « la tabla » n’est pas « la table » sinon « la planche » et « la plancha » n’est pas « la planche » sinon « le fer à repasser », etc., etc. Assez rigolo, n’est-ce pas ?

En quoi savoir parler ces langues est important, que ce soit scolairement, professionnellement ou d'un point de vue plus personnel ?

Le français est la langue de la diplomatie, parlée sur tous les continents. Parler français, c’est être ouvert aux Lumières, au débat d’idées, à l’éloquence avec une richesse lexicale et grammaticale extraordinaires.

 

L’espagnol est la deuxième langue la plus parlée dans le monde entier et en expansion constante, sur le continent américain. Parler espagnol, c’est être ouvert à des traditions culturelles d’une grande diversité dont le point d’union reste des racines judéo-chrétiennes très fortes.

 

La conjugaison de ces deux langues est une force extraordinaire, quels que soient les objectifs qui nous poussent à communiquer. Le voyage touristique, la connaissance du patrimoine naturel et culturel, les échanges entre les universités, les industries et les services ainsi que les relations humaines incitent notre curiosité à porter notre regard sur l’autre. Si nous voulons exprimer une pensée, une émotion, un sentiment, notre singularité, le français et l’espagnol sont de très beaux outils à notre service.   

Quelle est la difficulté principale de ces langues et ce qui peut favoriser leur apprentissage ?

Toutes les langues ont leurs propres difficultés et tout dépend de la langue maternelle de l’apprenant et de son talent dans l’apprentissage d’une seconde langue.

 

Il existe des langues dont la phonétique et l’écriture sont très éloignées des nôtres, des expressions, des émotions et des sentiments qui n’appartiennent qu’à un groupe et donc, difficilement traduisibles et pour lesquelles la représentation que l’on s’en fait devient incompréhensible car c’est notre mode de vie, nos us et coutumes, nos mœurs et conditionnements qui font naître des mots et des expressions bien à soi.

 

En ce qui concerne le français, l’architecture de la langue est, selon moi, très cartésienne. Beaucoup de règles régissent notre grammaire, avec des exceptions, mais somme toute très compréhensibles si l’on se donne la peine d’en approfondir les raisons. Ce qui nous paraissait insurmontable devient clair, c’est une langue qui ne laisse rien au hasard, elle est surprenante, mélodieuse, riche en subtilités. Voilà ce qui la rend harmonieuse. Déclamer de la poésie, écouter des chansons, lire des adaptations de romans célèbres selon notre niveau de langue favorisera sans aucun doute notre apprentissage.

 

Quant à l’espagnol, c’est le parfait reflet de son patrimoine culturel : fougueux et viscéral comme le flamenco, expressif dans ses tournures, ambigu (c’est tout de même sacrément osé d’avoir deux verbes « avoir » et deux verbes « être ») ; il n’a que faire du sujet, c’est l’action qui compte ! Et il le dit haut et fort, pour que tout le monde l’entende. Basé sur la supposition, le subjonctif y trouve son compte ; quant au passé, mieux vaut savoir de quoi on parle si l’on ne veut pas confondre le simple avec le composé : tout un programme ! Alors, pour s’y reconnaître, un magnifique voyage dans le pays s’impose, non sans avant avoir regardé toutes les séries en streaming avec les sous-titres.

Une anecdote para rapport à votre métier ou votre scolarité à nous raconter ?

Je dois dire qu’au collège et au lycée, j’étais la meilleure de ma classe d’espagnol. Quand j’ai intégré l’université de Salamanque, j’ai bien déchanté car, en fait, je ne comprenais plus rien. J’ai mis tout un trimestre avant d’intégrer les façons de s’exprimer de mes professeurs aux accents différents, avec prise de notes et devoirs à l’appui. Pas simple du tout, la langue orale n’avait rien à voir avec ce que j’avais étudié durant mes années de scolarité en France. C’est ce qui m’a déroutée et fatiguée car quand on ne parle plus sa langue pendant des mois, je vous jure que c’est très, très compliqué. On en arrive à douter même de sa propre langue maternelle et à commettre des fautes impensables.

 

Depuis, j’ai su conjuguer les deux langues presque à la perfection même si l’une veut dominer l’autre par moments. C’est pour cela qu’il est impératif de parler les deux langues tous les jours ! De l’entraînement, toujours de l’entraînement …

 

Ma longue trajectoire est truffée d’anecdotes, toutes aussi positives les unes que les autres car j’ai la chance d’enseigner à des personnes si différentes que je garde en mémoire des moments émouvants, joyeux mais aussi des heures de travail intense, efficace et très soutenu.

 

Cependant, j’en retiendrai une toute dernière qui s’est produite lors d’un cours d’espagnol au sein d’une école supérieure de management hôtelier de luxe avec des élèves de 3e année de Bachelor. Nous étudiions le fameux passé simple à travers l’histoire de jeunes étudiants Erasmus qui étaient tombés amoureux l’un de l’autre. Tous les verbes étaient à l’infinitif et il fallait les remplacer au fur et à mesure par un temps du passé. Tous les élèves étaient très silencieux, à chercher comment dire le verbe

« poner » (mettre) à la 3e personne du singulier du passé simple. Puis, après un long moment de silence, l’un d’eux exclama la réponse suivante : « PUSO » avec un clair accent français ! Imaginez les fous rires, moment mémorable où les élèves en tenue irréprochable ont perdu tout sérieux.

Aidez-nous à vous connaître un peu mieux en évoquant vos différents voyages !

Mon cœur appartient à deux pays, c’est une évidence. J’aime voyager par le monde pour me fondre dans le paysage, visiter des sites incontournables et ceux que seuls les gens du pays connaissent, goûter toutes les saveurs, retenir dans ma rétine tout ce que je vois, je touche et je respire.

 

L’Espagne et la France offrent au visiteur tout un éventail de saveurs qui nous rendent heureux. Je dis toujours que l’on recherche le bonheur loin de chez soi, car tout est toujours plus beau ailleurs. C’est ce que l’on pense quand on n’en a pas bien fait le tour ! Le patrimoine naturel et culturel est si riche dans nos régions qu’il sera difficile que je les connaisse toutes avant de jeter la clé sous la porte.

 

À cheval entre la France et l’Espagne, je sillonne les contrées pour donner à mes élèves l’envie de parcourir un bout de chemin ensemble, les préparer aux diplômes internationaux, les inciter à se distinguer, leur créer des opportunités de travail car qui sait ce que l’avenir leur réserve ?

Qu'est-ce qui fait de vous un "Superprof", en plus de cette capacité à s'exprimer en plusieurs langues ?

Mon discours et ma méthodologie s'adaptent en fonction de chacun tout en respectant les règles de l'efficacité. La communication, l'écoute, la disponibilité, la bienveillance ainsi que le terrain de confiance que j'ai toujours favorisés avec mes apprenants ont débouché vers la réussite, m'assurant ainsi une image d'excellence, un défi que je maintiens depuis que j'ai entamé ce si beau métier d'enseignante en langues. 

 

Habituée à former de nombreux étudiants de tous horizons et de tout âge, en individuel ou en groupe, j'ai construit au fil du temps un bel éventail de supports pédagogiques, en rénovation constante car il s'agit de bien connaître ses interlocuteurs pour adapter les contenus et la manière de les divulguer en toute circonstance.

 

Même si les quatre compétences de la langue doivent être respectées pour comprendre et assimiler ses singularités, il est essentiel de toujours suivre l'objectif principal qu'est la communication. C'est dans cet esprit que je réserve une place toute particulière à la l'expression orale et écrite !

 

Il ne tient qu’à vous de frapper à ma porte pour vous accueillir les bras ouverts !

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