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Journalisme : à la limite de la désinformation


Malheureusement, c’est tendance !

La presse écrite et audiovisuelle d’aujourd’hui se nourrit d’idées reçues, d’instantanés qui font la une, de commentaires sortis de leur contexte pour en donner un titre qui produise le plus d’effet possible, et s’il s’agit d’un scandale, eh bien, tant mieux …


Depuis toujours mais surtout depuis les toutes dernières décennies, nous assistons à la vulgarisation du journalisme, aussi bien dans la presse écrite qu’à la télévision où les informateurs, journalistes diplômés ou non, se font écho de rumeurs et alimentent certaines idées par des faits non contrastés.


Des journaux et des magazines, dits “sérieux” aux yeux de tous, se sont enveloppés d’une couche séduisante d’informations stériles et convertis à la religion du voyeurisme, tout comme la télévision, un autre media touché par la pression de l’Audimat. Plus on choque, plus on vend : l’exclusivité et le marketing sanglant sont à la mode. C’est le dividende qui compte et passe avant tout autre critère, l’information n’en étant que le moyen.


En outre, il n’est pas étrange de lire ou d’entendre sans arrêt les mêmes informations ; les nouveaux journalistes les ressassent jusqu’à l’ennui : ils les tournent et les retournent dans tous les sens, leur enlevant toute leur essence jusqu’à ce qu’on n’en ait réellement plus rien à dire, comme si la nouvelle annoncée eût un intérêt crucial pour la société. Mais ce qui est le plus grave, c’est que le manque de vérité, voire le mensonge est omniprésent, et que le but n’est autre que d’aviver la flamme de la curiosité malsaine. Il va de soi que les bons reportages et l’information fidèle des faits passent inexorablement par la vérité, l’objectivité, la neutralité … mais ça, ça ne vend pas et le fric, c’est le fric !


Par conséquent, nous devrions nous poser une première question : quelle est la mission du journaliste ? Tout d’abord, c’est le devoir d’informer, et que cette information soit véridique et neutre, en tenant compte du lecteur / auditeur ; le respect d’autrui et l’intérêt général qu’elle peut susciter ainsi que le droit de savoir ce qui nous entoure.


Mais nous devrions nous demander aussi comment exercer une profession où les enjeux socio-économiques et politiques sont énormes ? Comment affronter la pression que le journaliste subit de la part des pouvoirs publics et privés ? Voilà bien des problèmes qui méritent d’être soulignés car la crédibilité est en jeu. Celui qui met au cœur de sa profession un code déontologique, indépendant, respectueux de la vie privée et protecteur de ses sources d’information aura compris ce que le terme de « journalisme » veut dire.


Pour Marc-François Bernier, professeur à la Faculté des Arts de l’Université d’Ottawa, la déontologie est celle qui protège les journalistes de toutes manœuvres qui tendent à manipuler l’information et je cite : « La vérité, la rigueur et l’exactitude, l’intégrité, l’équité et l’imputabilité constituent les piliers normatifs du journalisme ».


En ce qui concerne la France, ce n’est qu’au début du siècle dernier qu’a été rédigée une Charte des devoirs et des droits professionnels des journalistes, révisée tout récemment en 2011. En 1935, la célèbre loi Brachard établit une carte d’identité du journaliste professionnel, lui conférant un statut, d’une importance capitale puisque la profession était tombée dans l’anarchie la plus complète.


Cependant, il ne faudrait pas croire que la Charte impose des sanctions exemplaires à ceux qui la raillent car les cas de dénonciation de journalistes peu professionnels traînent et s’entassent dans les tiroirs des cabinets d’avocats. De plus, il n’existe pas vraiment de limites au droit de l’information et la déontologie relèverait davantage de la morale de chacun, n’engageant que la conscience individuelle et collective.


Mais posons-nous d’autres questions : Le journalisme de nos jours n’est-il pas le reflet de la maladie de notre société ? En fait, c’est la subjectivité de l’être humain, avec ses parts de sentiments et d’émotions, qui tend à exagérer et même à confondre si en plus on lui tend le piège d’un bénéfice quelconque. Par conséquent, cette façon d’agir n’est pas propre aux temps modernes sinon qu’elle relève de notre propre existence, voire de notre code génétique. Rappelons ici ce que Voltaire a dit : « Vous vous garderez bien sans doute de suivre l’exemple de quelques écrivains périodiques qui cherchent à rabaisser tous leurs contemporains et à décourager les arts dont un bon journaliste doit être le soutien », ce qui confirme que le mauvais journalisme a toujours existé.


Heureusement pour nous, les vrais journalistes, les reporters de nos vies, sont encore nombreux ; ce sont ceux qui contrastent, qui vérifient ; ceux qui dénoncent les injustices, qui écrivent des pages mémorables sur l’humanité ; ceux qui s’impliquent dans la société et s’érigent en porte-parole des faibles ; ceux qui luttent contre toutes manigances et stratagèmes au profit de la vérité.


Somme toute, à tous ceux qui, jour après jour, rendent digne leur profession, à ceux qui nous donnent de l’espérance que l’anti-journalisme que pratiquent certains de leurs confrères, ne représente qu’une toute petite partie de la face sombre de la profession, à ceux qui meurent pour une cause juste, nous leur devons beaucoup. Sans eux, notre vision du monde serait erronée.


Ils nous ouvrent une fenêtre sur le monde et nous projettent au cœur de la réalité.






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